Tel que publié dans le Toronto Star le 21 novembre 2023
Nous sommes arrivés jusqu’ici. Après de nombreuses années de va-et-vient législatif et de décennies pendant lesquelles ils ont fonctionné dans un cadre réglementaire désuet, les radiodiffuseurs du Canada s’attendent maintenant à ce que le gouvernement tienne ses promesses d’assurer un traitement équitable et de rééquilibrer les obligations imposées par le CRTC.
Depuis son début lundi, l’audience de trois semaines sur la Loi sur la diffusion continue en ligne vise à tracer « la voie à suivre » vers l’élaboration d’un cadre réglementaire modernisé, étant donné les changements rapides qui se sont produits au sein de notre industrie et l’impact des géants étrangers en ligne non réglementés dans notre système de radiodiffusion. L’audience a pour but de déterminer les plateformes qui seront régies par la Loi nouvellement adoptée, combien chacune d’elles devra contribuer au système et où se dirigeront ces moyens de soutien.
En sa qualité de porte-parole national des radiodiffuseurs privés du Canada de toutes les tailles, l’Association canadienne des radiodiffuseurs (ACR) appuie les objectifs du CRTC pour cette audience. Elle apprécie également que le Conseil ait mis l’accent sur le caractère urgent de la situation, comme lui a indiqué le gouvernement dans ses dernières instructions. Les nouvelles, tout particulièrement celles de l’année dernière, nous ont révélé que les radiodiffuseurs, surtout nos entreprises de nouvelles, éprouvent des difficultés dans le contexte actuel. Les radiodiffuseurs canadiens doivent composer avec le lourd fardeau de règles et d’obligations qui leur est imposé alors que leurs compétiteurs mondiaux, eux, y échappent.
Les services étrangers de diffusion continue profitent de milliards de dollars de revenu venant d’abonnés et d’annonceurs, retirant de ce fait ces dollars canadiens de l’économie du pays. Pendant ce temps-là, les radiodiffuseurs canadiens assument tout le poids d’épauler l’écosystème médiatique du Canada. Si l’on souhaite que les radiodiffuseurs du Canada continuent à soutenir les objectifs de la politique culturelle, comme la création de contenu canadien et surtout, la production de nouvelles, il faut leur faciliter le changement, et ce de manière expéditive.
Pendant ce processus, les membres de l’ACR, notamment la majorité des services de programmation canadiens de propriété privée sous contrôle privé y compris les stations de radio, de télévision et les services facultatifs de toutes les tailles, ont souligné le besoin urgent d’apporter des changements qui tiennent compte de l’ampleur des changements au sein du secteur. Même si les habitudes de consommation des médias ont très fortement évolué, nos cadres de réglementation n’en ont malheureusement pas fait autant.
Avec son abondance de concurrence livrée par les acteurs étrangers non réglementés pour l’attention de l’auditoire et les dollars des abonnés, le paysage d’aujourd’hui est extrêmement différent de celui qui existait à l’époque des derniers amendements à la Loi sur la radiodiffusion en 1991. C’était à l’époque de la télévision sur « rendez-vous » à heures fixes, des magasins Blockbuster Video et du baladeur Sony Walkman, quand la plupart des ménages canadiens n’avait pas d’ordinateur personnel, sans parler de l’accès à Internet.
Face à la prolifération de services de diffusion continue comme Netflix et Spotify, on ne peut plus s’attendre à ce que les radiodiffuseurs fournissent à eux seuls les moyens de soutien culturel prévus par la Loi sur la radiodiffusion précédente. La Loi sur la diffusion continue en ligne représente la voie à suivre. Sur cette voie, tous ceux qui fonctionnent dans notre écosystème médiatique et profitent de leur présence dans ce système se partagent raisonnablement la contribution à apporter au système de radiodiffusion canadien.
Il est essentiel pour les radiodiffuseurs que l’équité serve de base pour le système revitalisé de radiodiffusion au Canada. Il faut que les conditions soient en place pour leur permettre d’exploiter des commerces valables qui peuvent s’adapter aux grands défis structurels qu’ils doivent affronter, et ce avec une réglementation moins pesante que celle qui leur a été imposée jusqu’ici, vu les contributions déjà importantes qu’ils apportent. Il leur faut également de la souplesse pour être en mesure de s’adapter rapidement à l’évolution des modes de consommation des médias, aux basculements des marchés et aux nouvelles technologies.
Nous ferons valoir notre proposition au Conseil à l’audience du 7 décembre. Celle-ci souligne l’importance des radiodiffuseurs privés du Canada pour le tissu culturel et économique de ce pays. Nous avons urgemment besoin de réparer le système de radiodiffusion existant afin qu’il continue à jouer le rôle essentiel sur lequel nous comptons, notamment celui de conteur, de chef de file dans le domaine des nouvelles et de bâtisseur de communautés.